Le samedi 4 juillet 1931 au matin, dans une salle du Musée des sciences de Londres, une séance supplémentaire du deuxième congrès international d'histoire des sciences fut consacrée aux dix présentations de l'importante délégation soviétique. Consacrée est un euphémisme, car tout y fut fait pour que ces présentations soient bâclées, peu écoutées, et perturbées. Ce fut grâce à l'aide des scientifiques communistes anglais qu'elles furent traduites à la hâte en anglais et publiées quelques jours après la séance, dans un recueil intitulé Science at the crossroad. Pourtant l'une d'elle au moins, Les racines sociales et économiques des Principia de Newton, présentée par le physicien et philosophe des sciences soviétique Boris Hessen, devait avoir un retentissement large et durable. Elle a été traduite, commentée, et publiée en français récemment (1).
Dans l'introduction de cette édition, Serge Guérout distingue trois thèses dans la présentation de Boris Hessen dont la première surtout allait être retenue et développée par la suite, essentiellement par les historiens des sciences.